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Wokisme, démocratie et totalitarisme

Par Daniel Bourmaud

Avertissement : cet article du professeur Daniel Bourmaud sort du champ de réflexion « stricto sensu » de la Société de Stratégie. Mais, si l’on suit l’auteur et on a, à sa lecture, toutes les raisons de le suivre, la force d’entraînement de la théorie wokiste a pris une telle puissance qu’elle est parvenue à structurer la pensée contemporaine et à en faire un des moteurs, sinon le moteur, de l’action collective, ie la stratégie. Elle est aujourd’hui l’amont de toute stratégie et, en ce sens, partie prenante de notre réflexion. (NdR)

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SINOCLE – 13 décembre 2024 – Le grand dépeuplement

Deux tiers de la population mondiale vivent dans un pays où le taux de fécondité est inférieur à 2,1. L’indice national de fécondité est aujourd’hui en Chine de 1,09, largement en-dessous du seuil de renouvellement qui impose un taux de 2,1 pour maintenir un niveau démographique stable. Il était de 5,7 en 1970 et de 2,8 dix ans plus tard. Aujourd’hui il est donc inférieur de 0,6 à l’indice français de fécondité qui lui-même est à 6 points de moins que les champions mondiaux du titre de la fécondité la plus féconde, soit selon la Banque Mondiale le Niger avec 7,2, talonné par la Somalie, le Mali, le Congo et le Tchad. La Bombe P, p pour population qui, selon le best-seller du biologiste démographe américain Paul Ehrlich, devait être la seule bombe fatale pour l’humanité n’explosera pas.

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Chine et Arctique

Par Thierry Garcin

Personne ne conteste la suprématie russe sur le bassin arctique : la Russie enroule l’océan glacial (la banquise n’est qu’une capsule de mer gelée) sur 160° de longitude, soit presque la moitié de la Terre à ces hautes latitudes. Ses explorateurs (tous moyens de transport confondus) ont défriché durant des siècles cet espace hostile à l’homme, pour des raisons commerciales (fourrures, pêche…), mais aussi scientifiques et techniques. Les Russes ont la géographie pour eux, mais aussi l’histoire (l’Alaska était russe jusqu’en 1867), les populations autochtones (maltraitées), les moyens (surtout militaires), le savoir-faire et une présence permanente.

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ACTUEL 74 – Empires vs Etats-Nations

Ainsi les électeurs américains ont-ils choisi de confier toutes les clefs du pouvoir non pas à un chef d’Etat tel qu’on le conçoit dans la plupart des Etats-Nations mais à un personnage qui se prend et ressemble à une sorte d’« imperator ». Dans la qualification de « République impériale » dont on pouvait affubler leur pays, ils ont fait pencher la balance et sorti les Etats-Unis de leur dualité en se rangeant sans ambiguïté du côté impérial ; certes, un empire aussi maritime que continental, aussi disparate sur le plan ethnique qu’idéologique, mais un empire financier, technologique, militaire sans rival sérieux. Ce faisant et sans probablement en avoir conscience, ils ont accéléré la redistribution des cartes mondiales : là où, jusqu’à présent, l’Amérique était alliée des Etats-Nations et rivale des Empires, elle risque d’inverser les rôles en devenant partenaire des deux grands Empires et rivale des Etats-Nations concentrés pour l’essentiel en Europe. En effet, dans la lutte séculaire entre Empires et Etats-Nations, la conception du pouvoir et la vision de l’Amérique de Donald Trump le conduiront sans doute à se comporter au moins comme un monarque parmi ses collègues autocrates Poutine et Xi dans le marigot que fréquentent ces grands sauriens. Le nombre et le poids des Etats-Nations mus plus par « le droit » que par « l’intérêt » vont se réduire fortement car Trump va faire des émules et encourager les apprentis dictateurs et populistes du monde entier. L’Europe, déjà malade d’une anémie démocratique, risque de se trouver bien seule pour préserver la survie de l’Etat-Nation.

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ACTUEL 73 – Le niveau zéro de la stratégie

Nous nous accordons à dire que les temps actuels sont troublés et difficiles ; le présent est « compliqué » selon le mot à la mode et l’avenir, loin d’être radieux, paraît bien incertain. Une fois cette banalité affichée, nous n’avons guère avancé pour alimenter le débat et tenter de sortir du brouillard. Lorsque tout est confus, comme c’est le cas, il faut sérier les questions et hiérarchiser les problèmes. Pour ce faire, deux instruments sont indispensables : une horloge et une boussole. Il faut en effet et avant tout nous situer dans l’espace et dans le temps. La première confusion, celle des temps, largement alimentée par le poids et l’instantanéité de l’information, nous oblige en quelque sorte à faire un arrêt sur image et à nous intéresser à ce que j’appellerai un présent exhaustif. La deuxième confusion qui concerne l’espace, c’est-à-dire le terrain d’action, provoquée, elle, par le rétrécissement de la planète et l’émiettement des territoires, rend inutilisables nos cartes d’état-major et affole nos boussoles. Pour une raison qui paraît évidente : comment déterminer où se situent nos objectifs – quelle peut être notre vision – si nous ne connaissons pas précisément le « cadre espace-temps » dans lequel nous nous trouvons ? Pour être encore plus clair : comment savoir où aller si nous ignorons où nous sommes ?

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