Archives mensuelles : février 2023

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ACTUEL 66 – Le destin de l’Europe

Le thème du « déclin de l’Occident » est récurrent depuis un siècle ; je l’ai évoqué à de nombreuses reprises dans ces chroniques pour tenter de démontrer son inadéquation au monde réel tel qu’on peut l’interpréter de nos jours. La parenthèse supposée de quatre siècles de domination occidentale, selon l’affirmation du singapourien Mahbubani, se réduit-elle à une réalité historique fondée sur la seule maîtrise scientifique, n’est-elle que la traduction d’un conflit de civilisations exprimé sous la forme virulente d’un rejet anti-occidental et d’un sursaut d’orgueil, ou procède-t-elle enfin de fondements plus anciens, plus profonds, plus radicaux ? En apparence, l’argument avancé est moins idéologique ou politique que comptable : l’Occident tout-puissant serait désormais minoritaire et voué à un rôle second ! Les origines, les fondements et l’histoire de la civilisation européenne m’incitent à contester cette vision à mon avis superficielle du monde.

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Journal de la guerre 15 – Ukraine – février 2023

Des principes de la guerre

La guerre en Ukraine est une tragédie, au sens théâtral du terme, dont les divers actes se succèdent dans le respect des conventions avant de parvenir au dénouement, toujours douloureux, du cinquième acte. Nous en sommes probablement encore éloignés, au milieu du troisième acte sans doute – et j’y reviendrai plus loin – en espérant que le dernier acte ne soit point ultime pour le continent, au pire pour l’humanité. C’est effectivement le propre de la guerre d’être tragique car, selon sa logique, elle tend à aller aux extrêmes. Tel est l’essentiel de la pensée stratégique de Clausewitz d’avoir démontré que la nature de la guerre conduit à l’escalade et à la démesure : la fin y justifie les moyens, et c’est ce qui apparaît dans toute guerre, le chef ne se privant d’aucune des ressources, humaines et matérielles, qui pourraient permettre d’atteindre son but de guerre, à savoir sa propre victoire et en creux la défaite donc l’affaiblissement voire la destruction de l’adversaire. Dans la guerre conventionnelle, cette montée aux extrêmes ne se fait pas en un jour. On l’appelle « escalade » car il faut grimper les nombreux barreaux de l’échelle et surenchérir à mesure des résultats – les échecs notamment – pour espérer l’emporter : nombre d’hommes, qualité et quantité des armements, action psychologique et effroi sur la population, audace manœuvrière et capacité à prendre des risques politiques et stratégiques. Jusqu’à présent et malgré la disproportion des forces en présence, la guerre en Ukraine suit cette logique de l’escalade. C’est celle-ci que nous allons tenter de décrypter eu égard, d’abord, aux épisodes passés, puis, compte tenu de l’environnement mondial et européen, aux évolutions hypothétiques des mois à venir. Lire la suite