En annonçant en août 2014 l’élargissement du canal de Suez par la voix du président de la Suez Canal Authority (SCA) Mohab Mamich, l’Egypte cherche à s’adapter à l’augmentation du trafic maritime dans cette zone. Le Caire joue ainsi la carte du renforcement de son avantage stratégique dans une période où les niveaux des investissements étrangers et de la manne touristique pâtissent toujours de l’instabilité politique du pays.
Mais si le canal reste la clé de voûte du commerce maritime entre l’Europe de l’Ouest et l’Asie, différents paramètres pourraient, à l’avenir, mettre à mal son importance.
D’abord, le basculement du centre de gravité de l’activité économique mondiale vers l’Asie favorise le développement des échanges entre l’Asie et le reste du monde laissant présager une recrudescence du trafic au large du Cap Horn et sur la future route de Panama.
Ensuite, malgré une diminution des incidents, les répercussions financières des actes de pirateries au large de la Somalie dépasseraient les 100 000 dollars par trajet, détournant ainsi une partie du trafic vers Le Cap, et diminuant la marge de manœuvre de la SCA quant au droit de passage.
Enfin, la fonte accélérée de la banquise en période estivale offre de nouvelles perspectives tels que les Passages du nord-est et du nord-ouest. D’ici à 2050, ces itinéraires présenteront l’avantage d’être beaucoup plus courts et seront donc une alternative crédible à la route de Suez.
Dans ce cadre, l’élargissement du canal de Suez constitue avant tout une mise à niveau d’une des ressources les plus précieuses de l’économie égyptienne. Le gouvernement espère ainsi récolter 13 milliards de dollars de recettes par an contre 5 actuellement.
* Antoine Rivière est expert IPSE.