Sur ce sujet essentiel, on ne peut se contenter d’une analyse factuelle ; il faut remonter aux origines. Dès le début des années 1990, soit dans les premiers temps de l’après-guerre froide, la disparition de la menace soviétique a agi comme un filtre magique sur l’Europe occidentale et, plus généralement sur l’Alliance atlantique qui était organisée contre le menaçant Pacte de Varsovie. La « paix » était donc survenue et c’était une bonne surprise, tellement heureuse qu’on se mit à théoriser la « fin de l’Histoire » et les dividendes que les peuples allaient en tirer.
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ACTUEL 75 – L’Europe enfin libérée !
Ce serait une bonne nouvelle si c’était une certitude, si nous n’étions pas le jouet des foucades trumpiennes et si cela ne se passait pas sur le dos du peuple ukrainien aussi héroïque qu’exemplaire. Ce serait en effet une excellente nouvelle si l’on pouvait affirmer en cette fin d’hiver 2025 que l’Europe est enfin « libérée » de sa tutelle américaine. Les Européens, en se réunissant et, du moins en apparence, en se rassemblant, semblent donner foi à la rupture transatlantique. La donne, gravée depuis 80 ans dans le marbre occidental, a brutalement changé et les conséquences seront considérables pour la plupart des acteurs mondiaux, à commencer par les intéressés que sont les pays européens au rang desquels il faut compter l’Ukraine, et en suivant pour les deux protagonistes principaux : la Russie et les Etats-Unis d’Amérique.
Wokisme, démocratie et totalitarisme
Par Daniel Bourmaud
Avertissement : cet article du professeur Daniel Bourmaud sort du champ de réflexion « stricto sensu » de la Société de Stratégie. Mais, si l’on suit l’auteur et on a, à sa lecture, toutes les raisons de le suivre, la force d’entraînement de la théorie wokiste a pris une telle puissance qu’elle est parvenue à structurer la pensée contemporaine et à en faire un des moteurs, sinon le moteur, de l’action collective, ie la stratégie. Elle est aujourd’hui l’amont de toute stratégie et, en ce sens, partie prenante de notre réflexion. (NdR)
SINOCLE – 13 décembre 2024 – Le grand dépeuplement
Deux tiers de la population mondiale vivent dans un pays où le taux de fécondité est inférieur à 2,1. L’indice national de fécondité est aujourd’hui en Chine de 1,09, largement en-dessous du seuil de renouvellement qui impose un taux de 2,1 pour maintenir un niveau démographique stable. Il était de 5,7 en 1970 et de 2,8 dix ans plus tard. Aujourd’hui il est donc inférieur de 0,6 à l’indice français de fécondité qui lui-même est à 6 points de moins que les champions mondiaux du titre de la fécondité la plus féconde, soit selon la Banque Mondiale le Niger avec 7,2, talonné par la Somalie, le Mali, le Congo et le Tchad. La Bombe P, p pour population qui, selon le best-seller du biologiste démographe américain Paul Ehrlich, devait être la seule bombe fatale pour l’humanité n’explosera pas.
Chine et Arctique
Par Thierry Garcin
Personne ne conteste la suprématie russe sur le bassin arctique : la Russie enroule l’océan glacial (la banquise n’est qu’une capsule de mer gelée) sur 160° de longitude, soit presque la moitié de la Terre à ces hautes latitudes. Ses explorateurs (tous moyens de transport confondus) ont défriché durant des siècles cet espace hostile à l’homme, pour des raisons commerciales (fourrures, pêche…), mais aussi scientifiques et techniques. Les Russes ont la géographie pour eux, mais aussi l’histoire (l’Alaska était russe jusqu’en 1867), les populations autochtones (maltraitées), les moyens (surtout militaires), le savoir-faire et une présence permanente.