Archives pour la catégorie Lettre ACTUEL

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ACTUEL 61 – Tempête dans le Pacifique

A sa manière solitaire, sans référence à ses alliances européennes ou transatlantiques, au nom de ses territoires et des intérêts maritimes qui y sont attachés, et aussi pour faire valoir les capacités de ses arsenaux, la France avait conclu un contrat de vente de sous-marins conventionnels (diesel-électrique) avec l’Australie. Un contrat de long terme et considérable en termes financiers, mais un contrat limité sur le plan technologique et modeste au regard des enjeux stratégiques dans la zone indo-pacifique. Négocié dans les années 2010, alors que le pivot américain vers l’Asie s’amorçait et que la Chine de Xi Jinping réfrénait encore ses proclamations guerrières, il ne pouvait prendre la mesure des mouvements géopolitiques qui concernent aujourd’hui cette partie désormais primordiale du monde, sauf à anticiper sur des évolutions qui eussent été prévisibles à condition toutefois d’entretenir un dialogue avec les principaux acteurs de la zone incriminée, à commencer par les Chinois. Lire la suite

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ACTUEL 60 – L’humiliation de Kaboul

Dès septembre 2001, il y a précisément vingt ans, j’avais publié ACTUEL 8 intitulé la Tragédie de l’Histoire dans lequel j’exprimais mes craintes que le « Nach Kaboul » américain en réaction aux attentats des Twin Towers de New York ne sombre, comme tous les autres slogans simplistes, dans les abysses de l’Histoire. J’avais raison, bien sûr, à moindre risque de me tromper tant les événements, les circonstances, les instigateurs, le théâtre d’opérations et l’environnement géopolitique semblaient se coaguler pour faire précipiter cette expédition vengeresse dans un fiasco retentissant. Avant d’en venir à l’onde de choc que ne manquera pas de provoquer la chute de Kaboul aux mains des talibans, un bref retour sur image n’est pas inutile.

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ACTUEL 59 – Concept de sécurité et « haute intensité »

« Le retour du combat de haute intensité », tel est l’intitulé du dossier rédigé et publié par le G2S, groupe de généraux en retraite qui, encore proches de l’état-major, disposent d’informations techniques récentes. En l’occurrence, ce dossier se veut être une somme de réflexions sur les évolutions et perspectives des futurs conflits. Ces officiers généraux s’inquiètent donc du retour possible du combat dit de « haute intensité », ce niveau conflictuel étant, à leurs yeux, un marqueur de la guerre, une sorte de déterminant qui ferait passer la guerre au-delà d’un seuil, celui de l’intensité. Sans doute ont-ils adopté cette formule par anti-phrase et par contraste avec ce qu’on a appelé les conflits de basse intensité, ces « petites guerres » ou guerres en dentelle du XVIIIe siècle et, plus récemment, des conflits périphériques et lointains où, faute d’armes et/ou de combattants, il ne se passait pas grand-chose ou, alors, de façon sporadique et avec des pertes humaines limitées ; on y invoquait le slogan inconvenant de « zéro mort » comme pour exorciser ce que la guerre avait de scandaleux (selon les médias) : le risque pour le soldat d’y mourir. Lire la suite

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ACTUEL 58 – La logique des empires

et la possibilité d’une Europe

Derrière l’écran de fumée des événements internationaux, la vie du monde n’obéit pas seulement aux rapports de forces immédiats : elle est aussi animée par des arrière-pensées. En réponse à tous ceux qui prétendent sans en rien savoir que le « monde d’après » ressemblera à celui d’hier, ce qui a toujours été démenti dans le passé, il faut interroger l’histoire, ses sources et ses invariants, comme la très longue mémoire des peuples, leurs intérêts permanents et leurs obsessions pluriséculaires pour mettre en valeur les lignes de force des bouleversements en cours. Ceux des profondeurs ne se révèlent pas nécessairement par la houle en surface, mais la force et la nature des phénomènes en cours depuis vingt ans conduisent à penser que nous sommes les spectateurs/acteurs d’un changement de paradigme comme on en observe un tous les cent ou deux cents ans1. Lire la suite

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ACTUEL 57 – La Chine et le Monde

essai de compréhension

L’air des relations entre la Chine et une grande partie du monde se rafraîchissait depuis plusieurs années, mais la crise du coronavirus a entraîné un refroidissement sensible. C’est tout à fait surprenant de la part d’un pays aussi engagé sur les cinq continents et aussi dépendant du monde, proclamant fortement son multilatéralisme, alors que la communauté des 193 Etats, tous plus ou moins touchés par cette pandémie, aurait besoin d’entraide et de solidarité. A cet instant historique crucial, la Chine fait comme si cette catastrophe n’était pour elle qu’une opportunité, exploitant à fond la dualité du « weiti », ce mot chinois qui signifie crise en associant deux caractères, celui de danger et celui justement d’opportunité. On aurait aussi pu l’espérer plus discrète alors que, si l’épidémie est née chez elle de façon qu’on veut croire fortuite, ce sont ses atermoiements et ses défaillances qui ont permis qu’elle s’échappe et infecte le monde entier. La responsabilité de la Chine est donc manifeste mais elle la rejette avec vigueur comme s’il lui était impossible d’accepter la réalité et de la regarder en face. Lire la suite